Sélectivité energétique

Les intensités de CC, le pouvoir de coupure, les protections…
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mortevielle
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Sélectivité energétique

Message par mortevielle »

Bonjour,

Lorsqu'on a des disjoncteurs limiteurs, le déclenchement ne se fait plus simplement sur le courant mais sur l’énergie traversante I²t.
Pour cette valeur on utilise simplement la contrainte thermique I²t que laisse passer le disjoncteur.
Pourquoi est ce que le critère du déclenchement n'est plus I mais I²t ?
Est ce qu'il y a une sensibilité du disjoncteur à cette valeur si ce n'est pas du sinusoidale ?


merci,
Candela
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Re: Sélectivité energétique

Message par Candela »

Bonjour,
mortevielle a écrit :Lorsqu'on a des disjoncteurs limiteurs, le déclenchement ne se fait plus simplement sur le courant mais sur l’énergie traversante I²t.
Pour cette valeur on utilise simplement la contrainte thermique I²t que laisse passer le disjoncteur.
C'est un peu plus compliqué que cela.

Dans tout disjoncteur, on mesure l'intensité et c'est le dépassement du seuil magnétique qui initie le déclenchement.
Mais pour rompre l'accrochage, il faut une certaine énergie, et donc l'ordre de déclenchement ne sera pas confirmé, et donc pas effectué si cette quantité d'énergie n'est pas atteinte. En fait, le temps nécessaire est d'autant plus bref que le courant est élevé, ce que traduit la notion d'I²t.

Dans un limiteur, selon sa constitution le pôle, les pôles ou le pôle additionnel s'ouvrent sous l'effet des efforts electrodynamiques (la forme des pôles fait que ces efforts tendent à écarter les contacts alors que dans un non-limiteur elle tend à les resserrer) qui sont contrecarrés par un ressort sans accrochage: cette action demande peu d'énergie et est très rapide, d'où l'effet fortement limiteur. Mais si l'accrochage qui est toujours présent n'est pas libéré (toujours l'I²t) et que le court-circuit disparaît, les pôles se referment.
C'est l'exemple que donne Schneider ICI.
Dans cet exemple, les 4 contacts s'ouvrent, mais l'énergie n'est suffisante que pour ouvrir définitivement l'appareil aval.
En résumé, l'ouverture des contacts nécessite une certaine intensité (=effort electrodynamique), mais la rupture d'accrochage nécessite une certaine énergie (I²t, avec une valeur proportionnelle à l'inertie des pièces mobiles et la résistance de l'accrochage, lesquelles sont grosso modo proportionnelles à la taille du disjoncteur)

Cordialement
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mortevielle
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Re: Sélectivité energétique

Message par mortevielle »

Bonjour,

Merci de votre retour.
Apparemment le déclenchement "reflex" est un brevet de schneider. Il y a une mesure de la pression à l'intérieur de la chambre de coupure et quand elle dépasse un certain seuil elle actionne l'ouverture du disjoncteur.
Maintenant pourquoi ce système est proportionnel à I²t je ne sais pas.
Si on prend un disjoncteur limiteur qui n'a pas ce dispositif, comme le iC60H, pourquoi est ce que l'ouverture est proportionnelle à l'I²t alors que cela se fait sur magnétique, je ne sais pas.
si on la courbe de l'energie limitée, c'est à dire l'I²t que laisse passer le disjoncteur en fonction du courant présumé, on peut comprendre que si effectivement on fait passer une energie de cette valeur dans le disjoncteur alors il va s'ouvrir car cela correspond simplement au courant présumé de déclenchement. Mais est ce qu'il y a un certain hystérésis sur la courbe, notament si la forme du courant n'est plus sinusoidale, je ne sais toujours pas.
Un sujet passionnant mais difficile
Candela
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Re: Sélectivité energétique

Message par Candela »

Bonjour,
La sélectivité avec des limiteurs a toujours été un sujet difficile.
Historiquement, c'était quasiment "mission impossible".
mortevielle a écrit : Maintenant pourquoi ce système est proportionnel à I²t je ne sais pas.
L'astuce de ces disjoncteur est d'introduire une "mesure" de pression due à l'arc au moyen d'une palette. Dans un volume confiné, cette palette mesure bien une énergie proportionnelle à I²t.
dans le cas de l'Ic 60 et des autres appareils "classiques", c'est certainement beaucoup moins précis:
Il s'agit plutôt d'une intensité suffisante pour vaincre un ressort et d'un temps suffisant pour que la manoeuvre aille jusqu'à son terme, c'est à dire la rupture d'accrochage(comme déverrouiller un cliquet). L'action est certes plus rapide si l'intensité est plus élevée, mais de là à dire que c'est, sur une large plage, proportionnel à I²t, je suis sceptique.

Cordialement
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mortevielle
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Re: Sélectivité energétique

Message par mortevielle »

Bonjour,

La nfc 15-100 oblige a faire des tests pour la filiation si le disjoncteur en aval n'a pas le bon pouvoir de coupure (et celui en amont est limiteur).
Mais dans le cas ou on n'a pas de selectivité, c'est à dire le disjoncteur en amont s'ouvre avant le disjoncteur en aval, (et que l'energie qu'il laisse passer
ne depasse pas l'energie maximale que peut supporter le disjoncteur en ava pour pas qu'il surchauffe), je n'en vois l'utilité.
On se base sur les courbes de selectivité mais la 60947-2 autorise de travailler avec les courbes I²t.
C'etait le sens de ma question,

Merci
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Re: Sélectivité energétique

Message par Candela »

Bonjour,
mortevielle a écrit : La nfc 15-100 oblige a faire des tests pour la filiation si le disjoncteur en aval n'a pas le bon pouvoir de coupure (et celui en amont est limiteur).
La C15-100 renvoie à la norme produit, laquelle impose une certaine méthodologie aux constructeurs.
mortevielle a écrit : Mais dans le cas ou on n'a pas de selectivité, c'est à dire le disjoncteur en amont s'ouvre avant le disjoncteur en aval, (et que l'energie qu'il laisse passer
ne depasse pas l'energie maximale que peut supporter le disjoncteur en ava pour pas qu'il surchauffe), je n'en vois l'utilité.
On se base sur les courbes de selectivité mais la 60947-2 autorise de travailler avec les courbes I²t.
La sélectivité n'est pas une condition de sécurité (en elle-même, il est possible qu'elle le devienne par exemple pour l'alimentation de circuits de sécurité en ERP). On n'a donc pas, dans le cas général, les mêmes précautions à prendre qu'en matière de filiation.
La filiation est un phénomène très complexe à étudier: ainsi l'énergie limitée par l'ensemble est inférieure à l'énergie limitée par le disjoncteur amont.

Ce phénomène et bien d'autres dépendent beaucoup de la différence de taille (et de rapidité qui en découle) entre les deux appareils. C'est pour cela qu'il est impossible de prévoir la totalité du fonctionnement (et sa sûreté absolue) par superposition de courbes).

Cordialement
NB: la filiation n'est pas réservée aux disjoncteurs limiteurs...
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mortevielle
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Re: Sélectivité energétique

Message par mortevielle »

Bonjour,

Merci pour vos retours.
Si c'est un disjoncteur qui limite le courant simplement par ouverture des contacts et qui se referme alors oui il faut obligatoirement des test de filiation pour ce système (si le disjoncteur en aval a un pouvoir de coupure renforcé et s'ouvre en premier) car on ne sait pas comment vont s'ouvrir les contacts du disjoncteur en amont.
Néanmoins, si c'est un iC60H par exemple, il va s'ouvrir à partir d'une certaine valeur de l'I²t, donc si il ne s'ouvre pas, l’énergie qu'il laisse passer est inférieure à cette valeur.
Si on suppose disposer des courbes de déclenchement/non déclenchement alors je vois trois cas possibles :

Le disjoncteur en amont s'ouvre : le seul danger que je vois est qu'il laisse passer un i²t trop important (contact soudé, arc non coupé)
celui en aval s'ouvre : pas de filiation possible sans test
Les deux s'ouvrent en meme temps : comme vous l'avez dit l'I²t sera plus faible donc on revient au cas premier

Le problème pour moi est plus d'avoir les courbes de non declenchement/ declenchement surtout pour les declenchement limiteurs mais on comprend que l'hystéresis sur le temps sera exessivement faible car les temps de declenchement sont très très faibles, et ce n'est probablement pas mesurable.
L'ystéresis sur l'I²t peut lui être plus grand mais à mon avis ca reste très faible, j'ai interrogé les fabricants de disjoncteur mais sans succès j'usqu'à présent.
Il ne faut pas oublier en plus que les courbes sont logarithmiques.
Le logiciel de dimensionnement que j'ai les considère comme confondues.

C'est le seul petit point que je vois pour ma part, c'est d'avoir les courbes de declenchement / non declenchement pour les declenchements limiteurs mais à mon avis ca reste très faible (je peux me tromper).
Les courbes de déclenchement non déclenchement sont issues de test, les test de filiations sont aussi que des tests je ne sais pas si on peut faire une hierarchie entre les deux au niveau fiabilité mais peut être, voir la 947-2

Merci
Candela
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Re: Sélectivité energétique

Message par Candela »

Bonjour,
mortevielle a écrit : Néanmoins, si c'est un iC60H par exemple, il va s'ouvrir à partir d'une certaine valeur de l'I²t, donc si il ne s'ouvre pas, l’énergie qu'il laisse passer est inférieure à cette valeur.
Si on suppose disposer des courbes de déclenchement/non déclenchement alors je vois trois cas possibles :
Les mini-disjoncteurs, ou les disjoncteurs modulaires ne sont pas équipés de la coupure roto-active. Il n'y a pas d' "ouverture reflex" et l'ouverture est déclenchée par l'intensité, pas par l'énergie.

Il faut bien comprendre les raisons pour lesquelles:
-des essais sont une nécessité
-tous les cas de figure ne sont pas testés
-il ne peut y avoir de filiation inter-marques

La raison est à la fois technique et juridique. Les essais permettent de définir les conditions d'obtention de la sélectivité comme de la filiation. Il est évident que ces essais sont coûteux: un constructeur fera l'effort de les réaliser sur ses appareils car il s'agit de son pain quotidien. Il ne le fera pas, sauf affaire très importante, sur les appareils concurrents.
J'ai connu les "balbutiements" de ces technologies, et l'époque où le service technique pouvait, après étude (sans essais), donner son "feu vert" pour des applications inter-marques.
Il a été mis fin à ces pratiques, probablement sur demande des constructeurs eux-mêmes (ils interagissent avec les Commissions de normalisation dont ils font partie), mais non sans logique.
Particulièrement en matière de filiation où la sécurité est en jeu, il y a un aspect juridique important à considérer: en cas d'accident grave (incendie, blessure ou décès d'un intervenant) la détermination des responsabilités serait inextricable. De plus, avec la juridisation de plus en plus forte de la société (à l'américaine), l'entreprise qui a fait le dernier calcul prend " a priori" la responsabilité sur un matériel qu'il ne connaît pas parfaitement et ne lui "appartient" pas.
C'est cette notion de responsabilité qui explique que les constructeurs veuillent rester maîtres de leur technologie et ne communiquent pas les détails des courbes et caractéristiques de leurs appareils. Enfin, pas sous une forme utilisable.
Il y a aussi la notion de secret industriel; les brevets sont consultables par tous, mais ils sont soigneusement rédigés pour en même temps;
-verrouiller efficacement la réutilisation de la technique utilisée
-expliquer le moins possible les secrets de fonctionnement

Cordialement
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