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Les incendies d’origine électrique

Les incendies d’origine électrique Pourquoi ne pas en dire clairement - l’origine - justement ?

I - Un article rédigé CHC - GKM, deux professionnels de l’électricité qui enquêtent depuis des années en collaboration avec des ingénieurs et experts sur l’origine précise de ces feux.

Les  actualités, et les plus récentes, font sans cesse état d’incendies d’origine électrique avec leur cohorte de victimes et en particulier des enfants.

Lorsque surviennent de tels sinistres, les médias n’ont de cesse d’en attribuer la cause aux "courts-circuits" en Europe et aux Arcs en Amérique du Nord. Mais cela est généralement faux… Pourquoi ne pas alors indiquer la cause réelle de ces feux ? Car si elle n’est jamais désignée, elle ne sera jamais prévenue !

Ainsi une grande confusion demeure et c’est vrai que l’électricité est une matière abstraite : Le grand public légitimement ne comprend pas grand chose, tandis que les ingénieurs, experts et électriciens sur le terrain savent parfaitement ce qu’il en est, les courts circuits et les arcs n’ont pas grand chose à voir avec ces sinistres.

Tout cela peut paraître surprenant pour le profane,  mais c’est un constat bien réel que tous les professionnels feront.

Qu’est-elle alors la cause essentielle de ces feux ?

Tout circuit oppose au courant qui le traverse une résistance qui génère un échauffement. C’est l’effet Joule.

Cet effet Joule dépend de la nature du circuit (sa composition, cuivre, aluminium ou autre), de la "quantité" de courant qui le traverse en un temps donné, et bien entendu de sa section.

L’effet Joule est  utilisé pour les appareils électroménagers et de chauffage (fers à repasser, sèche-cheveux, grilles pains, ballons d’eau chaude, convecteurs etc).

Le principe est simple : On insère dans un circuit opposant une faible résistance au passage du courant une petite portion de circuit plus résistante, qui va donc  s’échauffer au  passage du courant comme dans le schéma ci-dessous :
 échauffement

Mais si cet effet Joule est utile pour les utilisations que nous venons d’évoquer, il est aussi bien nuisible dans bon nombre de cas.

Dans le schéma ci-dessus, si les portions du circuit normalement conductrices ne s’échauffent pas ou plutôt que très peu, c’est parce qu’il n’y a qu’une quantité limitée de courant qui traverse le circuit en un temps donné, soit une intensité limitée (l’intensité s’exprime en Ampères).

Si une trop grande quantité de courant traversait ce même circuit en un temps donné, ces portions  aussi s’échaufferaient à cause du même effet Joule. Il y aurait alors surintensité.

Bien entendu les surintensités sont dangereuses, l’échauffement d’un circuit peut atteindre des températures très importantes et présenter pour l’utilisateur des grands risques d’incendie.

Qu’a t’il été fait pour préserver les usagers des surintensités ?

On a normalisé la nature et la section des conducteurs à utiliser de manière obligatoire ; on a imposé que tous ces conducteurs soient protégés par des protections de surintensité adaptées à ces circuits.

Ainsi par exemple un circuit en cuivre de 1.5mm² ne peux admettre qu’une intensité maximale de 10 Ampères sans trop s’échauffer. On a donc  l’obligation de placer une protection de surintensité de 10 Ampères à la tête de ce circuit. Pour un circuit de 2.5mm² on a l’obligation de placer une protection de 16 Ampères. Pour un circuit de 6 mm², une protection de 32 Ampères, etc…

On risque les surintensités dans les circuits pour deux raisons, les surcharges ou les courts–circuits.
  • La surcharge c’est lorsque l’on branche trop d’appareils sur un circuit. Mais comme la protection de surintensité limite efficacement la quantité de courant entrante, il ne devrait plus y avoir d’incendie avec les prises multiples par exemple. (Ce qui est loin d’être le cas).
  • Le court circuit est la mise en contact directe entre les conducteurs phase neutre. Ce phénomène génère une surintensité très importante et la protection de surintensité là aussi coupe de courant en une fraction de seconde avant que l’échauffement ne puisse devenir dangereux.
C’est l’explication du fait que les courts circuits ne sont pas la cause de ces incendies, car ce risque est maîtrisé depuis toujours !

Depuis en fait que l’on installe des fusibles en …Plomb. Rappelez-vous : « les plombs ont sauté », "les plombs ont fondu" cela de date pas d’hier… juste des années 60…

Pourquoi alors encore tous ces incendies malgré toutes les normes, vérifications et contrôles si les courts-circuits n’en sont pas les responsables ?

Les raisons fréquemment invoquées, ( vieilles installations, bricolages, etc…) n’expliquent pas tout : dans les sites nucléaires par exemple, pas vraiment bricolés, entretenus et vérifiés périodiquement,  un incendie sur deux reste d’origine électrique.

Une vérité de La Palice est qu'un incendie sera du à un échauffement non détecté, ou bien détecté trop tard, tout le monde sera d’accord avec cela…

Mais il existe aussi une autre vérité bien plus dérangeante : Si l'on sait très bien détecter que  l'ensemble d'un circuit s'échauffe accidentellement par les protections de surintensité comme nous en avons parlé, celles-ci sont incapables de détecter un échauffement pouvant survenir sur un point d'un circuit.

Par exemple toujours dans le schéma ci-dessus, imaginons que la portion du circuit « résistante » le soit devenue par …accident.

Il va bien y avoir un échauffement. Mais comme dans le cas d’utilisation d’appareils électroménagers, la protection de surintensité ne déclenchera pas.

Ainsi il subsiste un risque qui n’est pas toujours maîtrisé dans les installations électriques.

C’est là première partie de l’explication de la cause de ces feux.

Il en découle que tout le monde peut subir chez lui un incendie d’une manière inopinée, même avec une installation récente, aux normes et vérifiée. Il suffit simplement que le schéma ci-dessus se produise par accident. Ce n’est pas trop rassurant mais c’est en fait pire. Car nous allons voir qu’il y a dans les installations les ingrédients qui vont tendre à ce que cela finisse par arriver.

C’est la seconde partie de l’explication :

Tous les électriciens, ingénieurs, experts font le constat que la cause essentielle des incendies d’origine électrique est liée aux connexions.

Quand on parle de cause essentielle, il faut entendre entre 80 et 90% des sinistres, car c’est justement l’endroit ou cet accident a le plus de probabilité de se produire. Et avec des facteurs aggravants : 
  • 1 - Il y a des centaines de connexions disséminées dans les installations électriques. Pour une habitation il en faut entre 200 à 300. Ce nombre  entraîne fatalement des risques d'erreurs humaine pour des chantiers qu'il faut terminer toujours au plus vite en fonction des contraintes économiques croissantes. Or comme nous allons le voir, un point de connexion imparfaitement bien réalisé au départ peut se traduire par un incendie plus tard.
  • 2 - Comme nous l’avons vu, la détection automatique d’un point chaud isolé dans un circuit depuis un tableau est irréalisable :
Dans l'industrie ou les gros établissements on procède à des inspections avec des caméras thermographiques infrarouges pour détecter les points chauds isolés. La preuve qu’aucune protection dans un tableau n’est capable de réaliser cette fonction. En effet ce phénomène ne va générer qu’une légère variation de consommation très difficilement détectable même avec des dispositifs sophistiqués. De plus, sur quasiment tous les circuits, il est possible d’alimenter de manière aléatoire des appareils consommant des puissances diverses, ce qui rend finalement impossible la formulation d’une méthode de calcul :

Ainsi l’idée d’une protection pouvant détecter fiablement, par l’analyse des conducteurs actifs un point chaud isolé accidentel à distance est illusoire.
 

Date de création : 21/09/2009 18:11
Dernière modification : 23/09/2009 12:55
Catégorie : - L'électricité
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Réactions à cet article

Réaction n°1 

par CARTAULT le 09/11/2013 18:38

Monsieur, Expert de Justice près la Cour d'Appel de Versailles et Lieutenant Colonel de Sapeur-pompier en retraite j'observe souvent des mises en cause d'installations électriques qui sont impliquées dans la survenue d'un incendie.
Il faut dissocier l'origine et la cause, l'origine est la source de chaleur qui a initié la combustion, souvent lente en ce cas, puis le développement en combustion vive puis en incendie. Cette origine est similaire de celle du rayonnement d'un poêle en fonte trop prés de textile inflammable ou de meuble en bois.
La cause est une chose différente en ce qu'elle traduit le comment la source d'énergie, normalement passive, est devenue active.
Les causes se devraient d'être quelque peu classifier, celles volontaires et celles involontaires intégrant les notions de manquements aux règles de l'Art et aux respect des normes, des manquements aux contrôles obligatoires (ERP-Code du travail), d'imprudence, de négligence, de manque d'information du produit utilisé, de reprise partielle d'installation dans un ensemble ancien voire vétuste, etc., etc.. 
Il ne faut donc pas tout confondre et puis lorsque l'on ne sait pas trouver l'origine de l'incendie et sa cause il est souvent pratique, pour tout le monde, d'invoquer l'électricité dans les confusions d'origine en de cause.
Pour ma part, je cherche à évoluer sur le domaine de l'électricité mais je ne trouve pas grand monde pour m'y aider voire les informations produites se trouvent souvent contradictoires.
Bien cordialement